Author(s): Alexandru Baboș / Language(s): English
Issue: 6/2022
Dans les églises de rite byzantin, les ‘portes royales’ de l’iconostase se distinguent par leur richesse, leur étrangeté et leurs mystérieux ornements. Malgré le rôle décoratif essentiel qu’ils jouent, la finalité de ces traits caractéristiques demeure souvent obscure. Le manque d’explication cohérente devient ainsi l’un des défis scientifiques les plus stimulants à relever, afin d’en clarifier la signification. Étant donné que les recherches en ce sens sont encore absentes du panorama critique de l’histoire de l’art post-byzantin, mettre l’accent, dans une analyse du symbolisme des ‘portes royales’, sur une province lointaine telle que le Maramureș pourrait surprendre. La présente étude se propose toutefois d’interpréter la décoration des ‘portes royales’ au sein du cadre strict de l’espace rituel et culturel byzantin dans le territoire des Carpates du Nord à l’époque prémoderne, en s’appuyant, pour ce faire, sur des écrits religieux contemporains des objets étudiés. Puisque ces écrits, à travers les traductions en langue vernaculaire, ont influencé la culture populaire de la région, la décoration des ‘portes royales’ doit être interprétée en clé mariale. Aussi, tous les traits caractéristiques, les détails et les significations de ces portes illustrent la porte du ciel, attribut caractéristique de la Mère de Dieu dès l’incarnation du Christ. Il semblerait donc que le thème central en soit l’Annonciation. Ainsi, l’étude se propose de montrer la manière dont ce thème a été amplifié et diversifié sous forme de cycle iconographique composé de quatre parties, que l’on peut observer à la fois en peinture et en sculpture. Les sculptures témoignent d’un emploi particulier du langage métaphorique, exprimé d’une manière allégorique et emblématique, à travers laquelle les ‘portes royales’ sont transformées en pièces centrales et complexes de l’iconostase. Plusieurs prophéties concernant la Venue du Sauveur grâce à une vierge ont été choisies et représentées dans la sculpture des ‘portes royales’ de la région des Carpates du Nord, qui devient le centre d’un développement iconographique particulier. Sans doute, les disputes religieuses ont-elles façonné la culture spirituelle des croyants orthodoxes des Carpates, à l’époque turbulente de la pré-modernité. À cet égard, la rhétorique du langage artistique visuel se pose en miroir des témoignages apportés par les documents, les inscriptions et les collections folkloriques des communautés de rite byzantin. Situé à un carrefour de civilisations, l’art sacré de Maramureș contribue à une meilleure compréhension de la signification et de l’évolution de ces ‘portes royales’ à l’époque post-byzantine; mais il nourrit également l’étude de l’histoire de l’art européen dans son ensemble.
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