Contributions to Studying Ancient Albanian-Southslavic Language Relations Cover Image

Prilog proučavanju davnašnjih arbanasko-južnoslovenskih jezičkih odnosa
Contributions to Studying Ancient Albanian-Southslavic Language Relations

Author(s): Idriz Ajeti
Subject(s): Lexis, Historical Linguistics, Comparative Linguistics, Sociolinguistics, South Slavic Languages, Philology
Published by: Akademija Nauka i Umjetnosti Bosne i Hercegovine
Keywords: Albanian language; Balkans; language relations; South Slavic languages; origin of words; etymology;

Summary/Abstract: L'auteur reproduit certains mots de la vie pastorale, fréquemment usités et dont l’origine donne lieu à des hypothèses disparates. Selon lui, leur origine albanaise est aisément justifiée par le fait que l’élevage était l’occupation nationale des Albanais, dont les bergers — qui ne cessent de se déplacer à la recherche de plus riches pâturages — ont répandu des termes pastoraux dans les autres pays et contrées des Balkans. Les termes examinés par Ajeti sont les suivants: Vatra »foyer«. Ce terme a fait l’objet de plusieurs études de linguistes et ethnologues. La propagation et la répartition du terme vatra est très intéressante dans toutes les régions de la Yougoslavie. Trojanovié le relève depuis la Pannonie jusqu'à Niksié en passant par la Bosnie et l’Herzégovine. Le vocable correspondant en serbocroate est oganj. Les anciens documents linguistiques du slave du Sud ne signalent pas ce mot et il ne se trouve pas non plus dans la grande oeuvre de Đ. Daničić. Du fait que la forme slave vatra, apparaît secondaire par rapport à la forme albanaise vat'ér : voter et qu’on ne lui trouve pas d’explication satisfaisante du point de vue de la phonétique historique, elle doit sans doute se rattacher au territoire albanais sous la forme vat'ér du tosque qui s’insère dans les couples connus de cette langue a : o. La forme plus ancienne, qui commençait par o, s’est développée en albanais en vo : va. La secodne forme du dialecte tosque reflète, comme l’a entrevu Jokl, la forme secondaire dur slave. Katun »établissement temporaire de bergers transhumants pour l’hivernage ou l’estivage«. Le sens du katund albanais actuel »village, hameau« se concilie avec celui du selo slave, la signification étant »le buron transhumant des communautés pastorales«. E. Çabej attire depuis longtemps l’attention sur la méthode d’étude qui consiste à rechercher l’origine d’un mot donné en le décomposant en parties constitutives. N. Jokl décompose katund en deux: kë : ka et tund, dont le sens initial est »mouvement«. Quand on connaît le type de vie des bergers qui transhumaient constamment à la recherche de pâturages, le mot se trouve parfaitement expliqué. Le terme albanais balgë, bajgë, bag'èl, v. bag'dlit, bagëlon, chez les Serbes balega, balaga, baloga, en roum. baîegâ, en ukr. balyga, baloh, appartient au fonds linguistique des anciens Balkans. Son origine, comme il ressort des recherches, oscille entre les sources thraco-illyrienne, tatare et les sources romane, slave, roumaine ou albanaise. Ajeti approuve l'explication de Çabej, qui insère ce terme dans le cadre de l’albanais, conformément aux règles de sa phonétique, et admet que les formes serbocroate balega et roumaine balegà dérivent de l’albanais. C’est du roumain que le mot a passé en ukrainien. Le serbocr. strunga, struga, rum. strugâ, gr. raod. struka, alb. shtrungë »enclos où l’on fait s'arrêter et où l’on trait le bétail«, hongr. sztrunga, estrenga, slov. strunga, pol. struga, ukr. strunga, paraît provenir d’une source contestable. L’auteur souscrit à l’opinion de Çabej, qui attire l’attention sur la nécessité d’adopter à ce propos une méthode de recherche plus efficace. D’après F. Nopcsa, shtrungë est un lieu »entouré d'une clôture à claire-voie ou en pierres où l’on garde le bétail durant la nuit et où on le trait«, les données ethnographiques concordant avec les données linguistiques. Le mot albanais shtrungë, toujours d’après Nopcsa, signifie aussi de le gîte et le couvert«. D’après Çabej, shtrungë est le postverbal de shtroj, auques s'ajoute le suffixe -ungë, comme dans shtéllungë, qui a un formant suffixal -ungë (shtjell et -ungë). Le verbe shtroj en albanais a le sens de »je prépare un lit pour que quelqu'un se couche«. En albanais bien des mots sont formés â partir du verbe shtroj: shtresë, shtrojë, shtrosë, e shtrueme, të shtruemit, teS shtruarit, të shutruam, shtrofkë. L'analyse linguistique indique que le mot shtrungë commun à l’albanais et aux langues voisines a, lui aussi, sa source dans la langue albanaise. Notons aussi ber (alb. berr) »menu bétail domestique à poils ou volaille«, baria »chapeau confectionné en peau de mouton«, barzast »chèvre à la livrée blanche et noire«, bardoka (Kosovë) »brebis blanche«, balj »nom de mouton en Herzégovine«, balja (Monténégro) »macula frontalis«, dont dérive l’adjectif baljos, baljin kokot »blanc, coq blanc, blanchâtre« et baljast »boeuf, chèvre à taches blanches sur le front«, un adjectif obtenu à partir de bal, et aussi baljav »nigriceps, Fulica atra (Monténégro), oiseau à taches blanches sur la tête«, baljoš »boeuf tacheté, à tache blanche sur le front«, et au sens figuré »gauche, maladroit, lourdaud«. Le mot balosh, avec le même sens, apparaît aussi dans l’albanais de Kosovo. Il est indubitable que toutes ces formes de mots ont à leur base l’albanais bal dans le sens de bardh, i bardhë (blanc adj. et adv.). Kračun, en dehors des langues slaves, se trouve aussi en roumain et en hongrois dans le sens de »Noël«. Miklošič et autres slavistes le font provenir du slave; d’autres s'en tiennent à une source latine de creatio ou calatio (Vasmer, etc). Çabej le rattache à l'albanais kërcû-ni »bûche; bûche de Noël«. Ajeti n'estime pas possible un emprunt à l’albanais, puisqu'on sait que dans le domaine de la terminologie ecclésiastique roumaine aucune influence de la langue albanaise n'a été constatée. La possibilité que dans de nombreuses langues, le terme correspondant à Noëel soit emprunté à la première fonction qu’ont les bûches de servir au rituel de la fête de Noël, en alb. çung, kërçep, rrënjë, buzm, en it. ceppo, ne peut être rejetée a priori, mais de nombreuses langues ne connaissent pas le passage du sens de bûche à celui de fête de Noël. Vuk Karadžić avait relevé, au Monténégro, frùs avec le sens de »rougeole, scarlatin«. Skok, lui, voit là une origine de l’it. flusso, lat. fluxus — fluere. Pour ce qui est du passage de flusso à fruth, il faudrait surmonter de nombreuses difficultés, principalement phonétiques. On n’a pas constaté en albanais un développement phonétique de fl > fr, et de plus le passage de l’s latin au th n’a jamais été constaté dans la phonétique historique de l'albanais, son correspondant étant sh. Çabej croit trouver la base de frûth dans le mot rûth des Albanais de Zara, il considère le mot étudié comme comportent le composant f- : f + ruth — fruth, en démontrant que dans le nom albanais de cette maladie se trouve conservé le mot indoeuropéen désignant la couleur rouge, mot qui est de source latine. Le vocable djâma, dans le grand Dictionnaire de l’Académie de Belgrade, a le sens de »multitude, foule, confusion, grande quantité, essaim; bande (de loups), meute (de chiens)«, ce mot signifie également en albanais »multitude, foule«. Si l’on tient compte de la proximité géographique du Monténégro et de la Serbie Occidentale, où l'on a constaté la présence d’un bon nombre de mots albanais, il paraît évident que le mot dama doit avoir été' transmis à ces dialectes serbes par les dialectes albanais voisins. Grëmëratë, f. »colostrum« se trouve chez Reinhold. Çabej rejette l'explication de Meyer, qui croit en trouver l’origine dans le lat. cremoratum, dérivé de cremor »bouillie, ragoût; liquide épais«. L’étymologie de Pascu est à écarter, du fait qu'on n’en trouve de témoignage dans aucun dialecte roumain. Çabej, lui, admet un primitif gremë, mais rien ne vient l'appuyer! Il affirme en outre que la forme du grec gramenata, qui apparaît sous les traits du dialecte guègue, se serait introduite dans le grec au cours d’une phase préalbanaise. Au contraire, pour Ajeti, l’origine de ce mot doit être cherchée dans les langues slaves, serbocroate grumen, dérivé de la forme plus ancienne grudmen. C'est le mot slave qui s’est étendu à l'ancien albanais sous la forme grumen qui, selon les règles en vigueur de l’albanais, s’est développée pour prendre la forme de grëmëratë.

  • Issue Year: 1973
  • Issue No: 11
  • Page Range: 203-215
  • Page Count: 13
  • Language: Serbian