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Henri de Valois au château royal du Wawel à Cracovie
Henri de Valois at the Wawel Royal Castle in Krakow

Author(s): Stanisław Mossakowski
Subject(s): Architecture, 16th Century
Published by: Instytut Sztuki Polskiej Akademii Nauk
Keywords: renaissance architecture; royal apartments; Wawel Royal Castle in Krakow; royal residences in France; Louvre; Henry III of France; Henri de Valois; Henryk Walezy; Bona Sforza;

Summary/Abstract: Stanisław Mossakowski Henri de Valois au château royal du Wawel à Cracovie Les circonstances de l’élection d’Henri de Valois, duc d’Anjou, pour monter sur le trône polonais, son bref règne, puis son départ inatendu passant par les États des Habsbourgs et Venise sont bien documentés par les sources et ont été soigneusement étudiés par les chercheurs. Il n’en va pas de même pour la connaissance des appartements occupés par le nouveau monarque au palais du Wawel, du cérémonial des audiences ou encore de la façon dont il a pu quitter inopinément le château le 18 juin 1574. Un nouvel éclairage sur ces questions a été mis en lumière grâce aux recherches concernant le programme d’habitation de la résidence de Sigismond le Vieux. Élu le 11 mai 1573 comme roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, Henri de Valois quitta la France pour gagner son nouvel État au début d’octobre de cette année. Il passa alors par Heidelberg, Mayence, Francfort-sur-le Main, Fulda, Leipzig, Francfort-sur-l’Oder, Międzyrzecz, Poznań, Kalisz, Częstochowa enfin Balice, son entrée solennelle au château de Cracovie eut lieu le 18 février 1574.C’est encore durant son voyage, par la Saxe à Torgau, que le nouveau monarque écrivit le 12 janvier 1574 à son ambassadeur en Pologne, Nicolas d’Agennes, marquis de Rambouillet : « Monsieur de Rambouillet, j'ai entendu que le bâtiment de mon château de Cracovye est fort commode pour logis. Mais d'aultant que le procureur qui en a la charge ne scait pas quelle est ma coustume de loger et d'approprier les chambres et les cabinetz a la façon de France, je vous prie regarder à fair dresser et approprier mon logis comme vous scavez que je le desire et que j'ay accoustumé de l'estre monstrant ceste lettre audit procureur afin qu'il ne face poinct de difficulté de suyvre en cela vostre advis et l'instruction que vous luy en baillerez comme je luy escriptz par la lettre que je vous envoye ». Le même jour, le roi précisa ses désirs dans une missive de sa main envoyée de Delitzsch localité voisine de Torgau : « Je vous prie de reguarder pour mon logis que je soye accomodé a Cracovie tant de chambre que austres aparetemans et principallemant de cabinets, pour avoyr antandeu qu'il est commode ledict logis de ces choses la mesmes pour sortir et antrer a ce que j'ai antandeu dans la ville sans que l'on le vye; vous scavez l'ennuie [envie ?] qu'a en cella la royne ma mere. J'an suis de mesme. Mais faictes le si dextremant qu'ils ne connoissent que se soyt pour cella. Je vous an escris une lettre que vous monstrerez au procureur, non cest cy ». Les escaliers secrets ou escaliers de sortie, non gardés menant à l’appartement royal et par lequel le souverain pouvait quitter la résidence étaient quasiment liés aux normes en vigueur dans les résidences royales françaises. Le marquis de Rambouillet se trouva donc confronté au Wawel à une situation difficile. Les appartements royaux du château de Cracovie, localisés dans l’aile nord, n’avaient pas, en effet, d’escaliers de sortie menant à l’extérieur, du reste comme les logements destinés aux invités localisés dans l’aile est. La cage d’escalier près de la tour dite de Jordan localisée dans cette aile reliait, il est vrai, les appartements du souverain, autrefois ceux de Sigismond Auguste, avec le jardin en terrasse menant à l’extérieur du palais sur le versant de la colline et à la salle des bains au pied du mont, mais l’accès à la ville était fermée par la rivière Rudawka, tandis que l’accès aux écuries royales localisées hors de la ville même étaient, elles, protégées par les remparts de Cracovie avec une porte fermée. En même temps, les salles de l’aile est avaient pour fonction d’accueillir les délibérations des diètes qui commençaient après la cérémonie de couronnement. Traditionnellement les délibrations de la chambre des députés se tenaient au rez-de-chaussée, tandis que le sénat et le roi se réunissaient au deuxième étage dans la Salle dite sous les Têtes. De ce fait l’utilisation de cette partie du palais pour les besoins d’un endroit de travail et d’habitation du roi-bureaucrate était exclue. Il restait donc l’aile ouest avec les appartements au-dessus du passage de la porte et les pièces du pavillon des bains attenantes, autrefois occupées par la reine Bona Sforza, et à plusieurs reprises agrandies pour les besoins de sa cour de femmes. Ces appartements se prêtaient tout à fait pour un logis pour le nouveau monarque et ceci pour plusieurs raisons, en particulier parce qu’au deuxième étage se trouvaient six intérieurs de parade parmi lesquels deux – une salle et une chambre – étaient parfaitement chauffés, car sur l’ordre de la reine, ils possédaient non seulement des cheminées mais aussi des poêles et l’hiver 1574, particulièrement rigoureux, laissa beaucoup de traces dans la mémoire des Français. Cet appartement était, en même temps relié, par des escaliers en colimaçons, à la salle de bain du rez-de-chaussée chose inconnue dans les résidences françaises mais importante pour Henri de Valois qui, à l’opposé des autres Français, accordait à l’hygiène une grande place. D’un autre côté, le petit escalier en colimaçon reliait également cet appartement de parade avec les pièces du premier étage dont la grande salle et les pièces qui étaient privées de fenêtres du côté de la galerie. De cet étage en passant par la chambre localisée au-dessus du passage de la porte on pouvait également accéder au pavillon d’infirmerie d’où par la boulangerie du rez-de-chaussé on pouvait se rendre dans la cour des cuisines. C’est justement ce passage qui décida finalement du choix de l’ambassadeur français parce que dans la muraille à côté des cuisines se trouvait une porte d’office avec un escalier en bois conduisant hors des fortifications du château du Wawel et de la ville. Non sans importance était également la communication de l’appartement du premier étage avec la chapelle Notre-Dame par un passage construit vers 1570 à la demande du roi Sigismond Auguste parce qu’Henri de Valois, selon l’usage de sa dynastie, les rois très chrétiens, assistait quotidiennement et publiquement à la messe. La décision du choix des appartements par le nouveau monarque dut certainement surprendre l’infante Anne Jagellonne, sœur du roi Sigismond Auguste, qui avant son arrivée à Cracovie pour le couronnement écrivait ainsi le 24 août 1573 à sa sœur Zofia, duchesse du Brunschweig : « Là [au château du Wawel], je vais habiter dans les appartements où Sa Majesté la Reine, de glorieuse mémoire, notre mère était, que Dieu me donne consolation et gloire ». Ce souhait ne se réalisa pas entièrement et, au lieu des appartements de sa mère, Anne dut retrouver son ancien logis dans la maison en face de l’entrée sud de la cathédrale. Conformément au choix de son ambassadeur, Henri de Valois prit possession aussitôt de l’appartement de Bona dans l’aile ouest. La chambre du roi fut installée dans les appartements au deuxième étage au-dessus du passage de la porte menant dans la cour du palais. C’est justement après avoir franchi ce passage, mais déjà sur la place devant la cathédrale que se déroula un épisode dramatique lors des tournois accompagnant les festivités du couronnement le 23 février 1574. Il s’agit du conflit qui opposa Samuel Zborowski avec le castellan Jan Tęczyński et qui se termina par la mort du castellan Jędrzej Wapowski qui essayait de les séparer. On lit, en effet, dans la chronique de Świętosław Orzelski que Zborowski : « Passée la première porte du château haut, construite sous la chambre même du roi, devait se rendre au château bas et là il rencontra Tęczyński [...] dans la cour séparant la cathédrale de la maison de l’infante ». Le choix des anciens appartements de Bona se révéla rapidement très judicieux lorsqu’après la mort du roi Charles IX, Henri, comme successeur naturel de son frère aîné, prit avec le cercle de ses plus proches collaborateurs la décision de quitter immédiatement la Pologne pour monter sur le trône de France. L’escapade ne se déroula pas si facilement. Henri de Noailles, sur la base de sources non citées, écrit que la porte était quand même fermée et que le roi se cacha en bas des escaliers pendant que Gilles de Souvré partit chercher la clé sous prétexte qu’il devait introduire quelques femmes attendues. Pietro Buccio rapporte les événements de façon un peu différente. Selon lui le souverain avait interdit fermement aux pages de service d’ouvrir à qui que ce soit les portes de son appartement. Il réveilla son médecin, Marc Miron, qui veillait certainement dans une salle du premier étage et le roi masqué se rendit derrière lui dans les escaliers suivants (certainement ceux conduisant à la boulangerie) jusque dans la cour des cuisine où Miron tomba sur Alemani, le cuisinier du roi. Pour le château de Cracovie, du point de vue matériel, la fuite d’Henri de Valois eut pour conséquence la perte des clés des appartements du monarque et l’enfoncement de la porte menant à l’escalier en colimaçon, ce qui fut heureusement réparé en l’espace d’une année. Mais son séjour en Pologne eut des conséquences plus durables sur les résidences royales en France, dont le Louvre. Comme il ressort des recherches de Monique Chatenet, Valois, comme roi, introduisit, avec un cérémonial précis codifié dans le règlement général du 1er janvier 1585, un nouveau type d’appartement composé de façon analogue à celui de l’aile ouest du palais du Wawel avec six pièces d’importance grandissante et d’un accès hiérarchisé jouant un rôle important dans le cérémonial de cour. Au Louvre, il fallut pour cela même partager la grande salle du roi en deux plus petites obtenant ainsi la distribution suivante des intérieurs : la salle du roi avec une table entourée d’une balustrade, ce qui était une nouveauté ordonnée par le roi juste après son retour de Pologne ; l’antichambre, sorte de salle du trône avec le fauteuil du monarque sur une estrade entourée d’une balustrade ; la chambre d’État avec un lit de parade également surélevé entouré d’une balustrade et de sièges ; la chambre d’audience dans laquelle le lit surélevé était entouré d’une balustrade dorée ; la chambre royale avec un troisième lit également sur une estrade et sous un double baldaquin. Il y avait également ici un buffet auprès duquel le roi prenait son petit-déjeuner. C’était ici en fait la véritable chambre du roi, cet ensemble se terminait par l’intérieur le moins accessible – le cabinet. Tous ces espaces en fonction de leur rang avaient des décorations différenciées et adéquates parmi lesquelles de précieuses tentures et tapisseries jouaient un rôle fondamental. Parmi celles-ci, plus que une avait décoré autrefois les salles du Wawel. En revanche l’usage français de multiplier les chambres à coucher et d’entourer de balustrades les lieux occupés par le roi n’avait pas – à ce que nous savons – d’équivalent au château de Cracovie, bien que, comme nous le lisons chez Buccio, lors des banquets de cour au Wawel, Valois s’asseyait autrement que le roi Sigismond le Vieux à une table carrée qui se différenciait en plus par un baldaquin.

  • Issue Year: 79/2017
  • Issue No: 3
  • Page Range: 443-453
  • Page Count: 11
  • Language: French