LE ROYAUME DE CE MONDE, ET MONSIEUR TOUSSAINT D’ÉDOUARD GLISSANT : DEUX VISIONS BURLESQUES ET PARADOXALES DU SIECLE DES LUMIERES DANS LE SAINT-DOMING
Malgrè la diffusion progressive des idées anti-esclavagistes des philosophes des Lumières, et la première abolition de l’esclavage lors de la Révolution française, les Noirs de Saint-Domingue restent assujettis à leurs maîtres. Monsieur Toussaint, d’Édouard Glissant, et Le Royaume de ce monde, d’Alejo Carpentier, sont deux visions de cette fracture entre la métropole et la colonie, où les idéaux de liberté et d’égalité ne parviennent pas à briser le moule de la société esclavagiste. Les deux auteurs montrent de façon ironique et burlesque cette incompréhension mutuelle, et l’opposition entre deux projets contraires : celui d’un idéal de liberté universelle, tel que l’imaginaient les philosophes des Lumières, et la raison nationale et économique revendiquée par les colons. C’est également une opposition entre deux conceptions du monde que représentent les deux oeuvres : sur un territoire où les voix de la Raison, de la Nature et du droit au Bonheur restent impuissantes, se détachent les valeurs mystiques et surnaturelles du Vaudou, portées par les Noirs. Ces forces chaotiques constituent pour ces esclaves une véritable force libératrice, un appui spirituel qui les conduira à la victoire.
More...