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La saga napoléonienne en Bosnie dans l’histoire et la littérature
Napoleon Saga in Bosnia in history and literature

Author(s): Slobodan Šoja
Subject(s): Comparative history, Political history, Social history, 19th Century
Published by: Српска академија наука и уметности

Summary/Abstract: La véritable ouverture de la France vers les Balkans s’est opérée pendant la domination napoléonienne. Après avoir conquis la Dalmatie en 1806, puis la Slovénie et la Croatie en 1809, Napoléon s’est positionné aux portes de la Bosnie, qui à cette époque faisait partie de l’empire Ottoman. Alors que le conquérant réformateur effectuait des réformes importantes dans l’espace yougoslave sous sa domination, la Bosnie en fut épargnée. Elle n’en regrettait point. Pré- occupée par la présence de l’Empereur sur ses frontières occidentales, dans l’attente d’une incursion des troupes de celui-ci que l’on croyait imminente, la Bosnie a pourtant continué sa vie tranquille de province ottomane repliée sur son conservatisme séculaire. C’est dans cette province qu’en avril 1806 Napoléon nomma Pierre David comme consul général à Travnik, alors résidence du pacha de Bosnie. Sa mission avait un double caractère: politique et commercial. Il fallait contrôler les événements dans l’empire Ottoman, notamment l’insurrection serbe sous Karageorges. De l’autre côté, il fallait assurer un passage continental pour les marchandises, allant du Levant vers la France et à travers la Bosnie. Prêt à remplir les deux missions, David s’installa alors dans un pays qui s’avéra très inhospitalier et pendant plusieurs années il connut bien des vicissitudes. Sa vie entre deux mondes, le monde occidental et oriental, la vie entre musulmans, juifs, catholiques et orthodoxes, une vie remplie d’incertitudes, de peur, d’angoisse, de jalousie, de haine, avait inspiré le prix Nobel yougoslave, Ivo Andrić, de raconter dans son roman La Chronique de Travnik cette saga passionnante d’un homme au service de la modernité dans un monde triste et conservateur. Toute l’histoire sociale et mentale de la Bosnie-Herzégovine est concentrée dans ce roman d’Andrić. Une histoire relative à la période du début du XIXème siècle, écrite pendant la Seconde guerre mondiale (lorsqu’elle était toujours d’actualité) et qui remonte à la période de la fin du XXème siècle où toute une société malade, pour des raisons irrationnelles, se tourne soudainement contre des personnes qui avaient diagnostiqué cette maladie fatale à répétitions, tout en proposant des remèdes efficaces. Parmi des nouvelles victimes du mal séculaire bosnien se trouva même celui qui en avait beaucoup parlé: Ivo Andrić. Au lieu d’être écouté attentivement, respecté et suivi, il a été humilié et banni. Ce n’est pas en refusant des médicaments que la société devient saine. Sur cette liste figure, entre autres, l’érudit à qui ce recueil est dédié: Milorad Ekmečić. Dans son œuvre scientifique impressionnant par quantité et par qualité, il a également diagnostiqué le même mal. Suffisant pour être proclamé l’ennemi public à Sarajevo.