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Samostan Svetog Križa u Frankavili (Manđelosu)
Monastery of the Holy Cross in Frankavil (Manđelos)

Author(s): Stanko Andrić
Subject(s): Military history, Political history, Middle Ages
Published by: Istorijski institut, Beograd

Summary/Abstract: Francavilla en Syrmie (aujourd'hui Man|elos au nord de Sremska Mitrovica) est mentionnée pour la première fois par Albert d'Aix dans sa chronique de la Première croisade. En plus de noter le nom de cette agglomération, Albert la décrit comme un "village des nouveaux venus francs" (villa advenarum Francorum). Chez al-Idrisi, célèbre cartographe arabe travaillant en Sicile au milieu du XIIe siècle, Francavilla figure aussi parmi les villes importantes des pays danubiens. Dans la chronique de la ville de Faenza écrite par le chanoine Tolosanus, on en trouve des renseignements controversés: d'après cet auteur, une partie des habitants de Milan, conquis en 1162 par l'empereur Frédéric Barberousse, auraient émigré en Hongrie pour y fonder deux colonies "dans le comté de Kalocsa", Francavilla et Kabol (aujourd'hui Kovilj). Francavilla ayant existé avant cette date, il paraît qu'il s'agit ici d'un renouvellement ou un renforcement de la colonie, peut-être atteinte auparavant par les conflits hongrois-byzantins de l'époque (on pense surtout à la campagne syrmienne de l'empereur Manuel Comnène en 1150/1). Les armées de la Troisième croisade, commandées par le même empereur Frédéric Barberousse, ont aussi fait une halte brève près de Francavilla, avant de passer par la ville de "Sirmium jadis fameuse". L'unique mention de Francavilla dans une source indigène (hongroise) du XII siècle pourrait se trouver dans une charte de 1193 du roi Béla III confirmante les possessions au monastère des chevaliers de Saint-Jean-deJérusalem à Székesfehérvár. La charte liste, entre autres, "trois vignobles à Francavilla", mais on ne peut pas exclure définitivement qu'il ne s'agit là d'une autre Francavilla hongroise, même qu'hypothétique, connue dans d'autres sources comme Olaszi (aujourd'hui Bodrogolaszi) et située dans une autre région vinicole autour du cours supérieur de la Tisza. Aux XIIIe et XIVe siècles, quand le nom peu commun de Francavilla était graduellement remplacé par le nom hongrois de Nagyolaszi (d'où Man|elos d'aujourd'hui), il y avait là une abbaye des bénédictins sous la dédicace de la SainteCroix. Elle a été précédée au XIIe siècle par un monastère des prémontrés, dont l'existence est seulement indiquée par deux bulles des papes Alexandre III et Lucius III, de 1179 et 1182 respectivement. Ces bulles confirment les possessions de l'abbaye des prémontrés à Riéval (en Haute Lorraine), énumérant parmi elles trois "lieux" ou "églises" situés en Hongrie. L'un d'eux, "le lieu de la Sainte-Croix dans la Marche près de Francavilla, dont le nom ancien était le Désert" (locus Sancte Crucis in Marchia iuxta Francam villam, qui antiquitus Eremus vocabatur), correspond entièrement à la toponymie de l'alentour de Francavilla en Syrmie. Étant donné que ce "lieu" dépendant de l'abbaye de Riéval n'apparaissait pas dans les documents ultérieurs de l'ordre des prémontrés, il est probable qu'au début du XIIIe siècle au plus tard il fut recueilli par les bénédictins pour devenir une de leurs abbayes syrmiennes. (Il est possible cependant qu'une charte de 1207 par laquelle le roi André II a confirmé l'exemption d'impôts d'une maison de l'ordre du Saint-Sépulcre dans la Marche (domus dominici sepulcri in Marchia), qui est un monastère autrement inconnu, concerne en effet le monastère à Francavilla: si cela était vrai, la fondation des prémontrés y aurait été passagèrement reprise, autour de 1200, par les chanoines du Saint-Sépulcre, qui l'auraient à leur tour abandonnée au profit des bénédictins.) D'après les chartes du roi André II et du prince Béla, de 1230 et 1231 respectivement, le monastère de la SainteCroix participait alors aux possessions du lignage éminent de Mojslav (hongr. Monoszló). À Sonta (comté de Ba~/Bács) et à Zoyl (probablement comté de Somogy), le monastère tenait des portions; à Solt (comté de Syrmie), sa portion d'autrefois avait été achetée par Thomas, le bénéficiaire principal des chartes royales, et par un de ses frères; finalement, une terre anonyme appartenante au monastère voisinait avec le domaine nommé Lochia (comté de Syrmie). Il est clair de tout cela qu'à cette époque-là les Mojslav étaient les patrons du monastère. C'étaient peut-être leurs ancêtres qui avaient fondé le monastère pour les prémontrés, dans une période précédant de près leur histoire familiale documentée. Thomas, fils de Macaire, était le premier comte de Vukovo (Valkó) connu de nom, et il portait aussi le titre d'un "ban". Bien que Francavilla soit citée par le chroniqueur Rogerius comme une victime remarquable de la dévastation de la Syrmie par les Comans en 1241, le monastère de la SainteCroix survécut à cette calamité sous les mêmes patrons. En 1297, une autre possession anonyme de l'abbé de Francavilla est mentionnée comme voisine à l'ouest de la possession de Sot/Szat (comté de Vukovo). En 1323, citant la mort, survenue dix ans auparavant, de Gilles de Vo}in (Atyina), petit-fils du ban Thomas, le roi Charles Robert a investi son chevalier loyal Michel de Morovi} (Marót), ainsi que ses deux frères, du droit de patronage sur le monastère de la Sainte-Croix. Dans les circonstances insuffisamment connues, tous les descendants du lignage de Mojslav ont ainsi perdu cet ancien patronage. Ici pour la première fois le monastère est décrit comme bénédictin en termes explicites. Les seigneurs de Morovi}, une famille issue de la souche ancienne de Gút-Keled, possé- daient les terres autour du cours inférieur du Bosut, dans la partie orientale du comté de Vukovo. L'acquisition du patronage sur l'abbaye de Francavilla presque adjacente coïncida avec le début de leur ascension sociale. Le bourg de Man|elos/Nagyolaszi conservait toujours un magistrat autonome, formé de ses habitants, en grande partie marchands. Il se trouvait à une double frontière administrative, celle des comtés de Vukovo et de Syrmie, et celle des diocèses de Pécs et de Kalocsa. Les données sur ces appartenances administratives son parfois contradictoires; l'abbaye, pourtant, est toujours attribuée à la diocèse de Kalocsa et à son archidiaconat méridional de Syrmie: ainsi, par exemple, en 1337, quand son abbé fut noté de n'avoir rien payé pour la dîme pontificale. Le premier abbé connu de nom, Jean, a

  • Issue Year: 2005
  • Issue No: 52
  • Page Range: 31-79
  • Page Count: 49
  • Language: Croatian