Author(s): Ştefan S. Gorovei / Language(s): Romanian
Issue: XXXII/2014
La première des trois dalles funéraires présentées et analysées dans cette
étude a été découverte par Mme Voica Maria Puşcaşu en 2001, dans l’église du
monastère de Popăuţi (Botoşani), bâtie par le prince Étienne le Grand en 1496.
Son inscription en slavon indique son appartenance à un vornic (maréchal) de la
ville de Botoşani, nommé Nurod; la date du décès est indiquée seulement par le
millésime de l’ère byzantine, le chiffre #z
(= 7000), suivi d’un petit espace laissé
par le sculpteur pour compléter l’année. La dalle a été donc préparée après 1492
(l’an 7000 de l’ère byzantine) et très probablement même après 1496 (la
construction de l’église). Une controverse prit naissance autour de cette dalle,
fondée d’une part sur le nom très étrange de Nurod et, d’autre part, autour de la
date. L’historien Sorin Ullea (1925-2012) a formulé l’hypothèse (aussi étrange
que le nom précité) selon laquelle Nurod ne serait pas le vrai nom d’un vornic de
la ville de Botoşani, mais la qualité mystique (iurod, c.-à-d. fou pour le Christ)
d’un noble, grand vornic de Moldavie; que celui-ci serait en effet mort en 1492;
et qu’Étienne le Grand aurait construit l’église comme un mausolée, pour
honorer sa mémoire. C’est une théorie fantaisiste, qu’on ne saurait maintenir
sans nuire gravement à la santé de la pensée historique. L’auteur en fait la
démonstration.
La seconde dalle a été découverte en 1968 par l’archéologue Nicolae N.
Puşcaşu (1933-2002) dans l’ancienne église du monastère de Suceviţa,
aujourd’hui la chapelle du cimetière. Destinée à marquer la tombe de Théodose
Barbovschi, archevêque de Suceava et métropolite de Moldavie, mort le
23 février 1608, cette dalle funéraire fut sculptée à la demande et aux frais d’un
boyard moldave, Tudor Brahă, neveu du métropolite. Théodose Barbovschi était
l’un des amis de vieille date des princes Movilă, les fondateurs du monastère de
Suceviţa; au siège métropolitain, il succéda à son ami, Georges Movilă, et
lui-même eut pour successeur Anastasie Crimca ou Crimcovici († 1629), un des
fondateurs du monastère de Dragomirna. À la lumière d’un rapport diplomatique
du 29 mai 1610, on a supposé que Théodose aurait essayé d’empoisonner le
prince Constantin Movilă en lui administrant la communion pascale, ce qui lui
aurait valu la peine capitale et l’exécution. La date de sa mort (deux années
avant le bruit qui coura au printemps de 1610) est un témoignage de premier
rang de son innocence.
La troisième dalle, qui se trouve dans le petit musée lapidaire du
monastère de Dragomirna, fut découverte en 1963 par l’archéologue Vlad Zirra
(1919-2000), dans le plancher de la grande église de ce monastère. Très endommagée au cours des préparatifs en vue de sa nouvelle (banale, mais
ignoble) utilisation, elle garde un peu plus de la moitié du texte de son
inscription slavonne.
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